Papa tu es parti

Nous étions le lundi 19 janvier 1998. Comme à mon habitude j’étais
parti tôt de mon domicile pour éviter les bouchons de l’autoroute du
sud. Arrivé vers 7 h 30 à mon bureau de la Tour Montparnasse mon
téléphone sonna, maman en larmes au bout du fil m’apprenait que papa
était mort dans son sommeil.
Croisant mon patron dans le hall d’accueil de la tour je l’informai de
mon départ en Ariège pour organiser les obsèques.
Montant dans le premier avion de la navette Orly/Toulouse, je fus
accueilli à mon arrivée sur Blagnac par l’ami de la famille, Léon Loubet,
le Maire du village qui me servit de taxi.
Lors des obsèques au petit cimetière communal nous assurerons à tour
de rôle notre hommage poignant.
Papa, tu connaissais mon goût pour l’écriture,
Je ne peux te laisser partir sans te dire un dernier mot,
sans flonflons ni fioritures,
Dans cet enterrement que nous avons souhaité civil,
en compagnie de nos proches qui nous ont rejoint,
J’honore ton départ drapé de l’écharpe tricolore
de mon mandat de Maire-Adjoint.
Il se peut que la douleur qui m’étreint
rende difficile mon élocution,
Mais j’ai préparé ce dernier entretien
avec toi hier dans l’avion,
Né en 1913 tu as eu la chance de vivre 85 ans,
et ce malgré les affres des deux guerres
aux combats sanglants.
Tout ne fut pas rose dans ta vie
comme pour tous ceux de ta génération,
Avec ténacité tu réussis à bien travailler dans tes études
pour avoir un bon métier, tu avais choisi l’Administration,
Parti de Carcassonne où tu arpentais à l’âge
de vingt ans les rues de la Cité comme colporteur,
À la fin des années 30, tu avais choisi un petit coin
de l’Ariège pour y pratiquer ton métier de Facteur-Receveur.
À Tourtouse tu te familiariseras avec l’hospitalité ariégeoise
et la rudesse du climat,
À la fin de la guerre après un court déplacement tu t’installeras
aux Bordes-sur-Arize dans ton célibat,
Lors de tes tournées à bicyclette, tu fis la connaissance
aux Bourretx de Lili la paysanne,
En juin 1947 tu l’épouseras, cet été ce fut un plaisir
de célébrer vos noces d’or en terre couseranne.
Ta vie Papa tu l’as consacré aux P.T.T. pour le côté professionnel,
avec abnégation,
À la pêche à la truite et à la chasse à la bécasse
pour tes deux passions,
Mais aussi et surtout à élever un garçon
qui t’a causé quelques soucis, un vrai polisson,
À la veille de mes 49 ans, je voulais te remercier Papa
de m’avoir donné une bonne éducation.
J’ai eu une jeunesse trépidante et heureuse,
mais te causant aussi certains préjudices,
Tu m’as permis de faire des études supérieures
au prix de nombreux sacrifices,
Aujourd’hui Papa, grâce à toi et Maman,
je bénéficie d’une très bonne situation,
Pendant vingt-cinq ans, tu as suivi ma carrière dans la banque
et je sais que tu avais de l’admiration.
Nous avons fêté le Nouvel An ensemble,
gais et joyeux, ta santé s’était améliorée,
Jeudi dernier tes médecins en te donnant
rendez-vous en juin, t’avaient rassuré,
Mais hier, tout en écoutant les infos matinales,
dans ton lit, l’horloge de ta vie s’est arrêtée,
Une vie de 85 années bien remplie, dure pendant
ton enfance, mais aussi pendant et après la guerre, de ton père privé.
Tu subviendras aux besoins de ta famille,
ton petit frère pourrait en témoigner,
Puis tu as roulé ta bosse au service de la population
avec bonnes et mauvaises nouvelles apportées,
Tu discutais avec tout le monde Papa,
avec passion tu as toujours aimé la vie,
Depuis ta retraite tu partageais avec les Aînés
de Montesquieu-Volvestre, les réunions amicales et les sorties.
Tu as eu souvent à faire à la médecine,
dernièrement ta pile a stimulé ton cœur en astreinte,
Lui permettant de battre plus longtemps,
mais hier la flamme de la vie s’est éteinte,
Aujourd’hui, Papa, nous sommes près de toi,
ta belle-fille et ta chère Lili,
Tes petits enfants par la pensée, empêchés par leurs études,
ainsi que toute la famille et tes amis.
Nous te disons tous ensemble ADIEU.
Quant à moi Papa, je t’embrasse très fort.

Guy PUJOL dit l’ARIÉ…..JOIE