La Nuit de Noël - Site Poèmes & Diaporama de L'Arié...Joie

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La Nuit de Noël

Il était un fois, là-haut sur la colline, une vieille masure, au toit troué laissant apparaître le ciel,
Servant d'un côté d’étable et de l'autre de logement de berger, elle s'appelait Berbéziel,
C'était autrefois une demeure de maître qui dominait le village et la vallée dans le fonds,
Mais depuis la mort du propriétaire tout était resté sans soins et presque à l’abandon.



Ce M. Escanat était un méchant homme d'une avarice sans pareille,
Personne ne pouvait vivre à ses côtés, on disait qu’il n'aimait que l'or et l’oseille,
Et qu'il en avait caché beaucoup, qui sait combien et qui sait où !
II y avait aujourd’hui dans cette bâtisse des moutons et un berger sans le sou.

Dans cette vieille demeure vivait Batistou, un brave homme de berger dans son bercail,
Qui s’étiolait à étudier les variations de temps en faisant paître son bétail,
Quand à la veille de Noël, Batistou gardant ses bêtes sur ce plan pelé qui penche vers la vallée,
Il vit arriver, en teuf-teuf, un Monsieur vêtu de fourrures, s'arrêtant devant son nez.

Bonjour Monsieur, vous connaissez Batistou Mièjovillo ? dit le messager,
C'est moi, Monsieur, vous me voulez quoi, répondit le berger,
Tenez, Monsieur Escanat fils vous envoie ceci, dit l'homme vêtu de « bourre »,
 Lui mettant dans la main quelques feuilles de papier bleu, il lui tint ce discours.

Si le mois prochain vous ne lui avez pas payé les cinq ans de fermage impayés,
Il fera vendre votre troupeau ; je suis Maître Delmas huissier de justice chargé de vous en informer !
Et voilà notre homme qui fait courir sa machine un moment, saute à cheval sur la selle, et s'en va,
Laissant le pauvre Batistou, comme devenu idiot, tournant et retournant entre ses doigts son papier bleu, béat.

Il pensait que cette maudite vie, si épineuse, si méchante, si dure ne lui promettait pas des fleurs,
Misère de sort ! Lui qui avait une pauvre femme et trois petits enfants à faire grandir, à faire manger sans pleurs,
Avec le maigre revenu d'un troupeau, que pour comble la guigne avait accablé toute l'année sans répit,
Les agneaux malades, le fumier à vil prix, quant à la laine n'en parlons pas ! Misère qu’il se dit !

Lui qui dans la coloniale venait de vivre une guerre terrible de plus de cinq années,
Cinq ans, là-haut dans cet enfer des tranchées de Verdun où il fallait avoir le cœur bien accroché.
Avant cette guerre atroce, il n’en connaissait qu’un Verdun celui à proximité de Luzenac en goguette,
Là où il avait rencontré, au bal du 14 juillet, celle qui deviendra sa femme, la jolie Mariette.

Et maintenant après tous ces tracas, ne pas pouvoir seulement vivre tranquille en travaillant,
« Ah malédiction » éclata Firmin en dressant un poing courroucé froissant le papier bleu de l'huissier malveillant.
Le soleil voilé de décembre s’inclinait vers les sommets des cols des Pyrénées à l’horizon,
La nuit s’approchait, Batistou siffla son chien et, suivi de ses brebis, chemina vers la maison.

Il était tout seul dans sa demeure le Batistou pour cette soirée de Noël, sans cœur,
Mariette et les enfants étaient descendus au village invités chez sa belle soeur,
Lui était resté à Berbéziel pour soigner les brebis, mais quelle triste veillée, pensait Batistou,
En lui-même il maudissait cet Escanat qui, sans pitié, s'apprêtait à l’étrangler de partout.

Il se souvint, qu’au temps des aïeux, on faisait ce soir-là un grand feu dans la cheminée,
Il voulut lui aussi faire un grand feu, le bois ne manquait pas derrière la grange, entassé,  
Après avoir charrié un gros tronc de chêne et une brassée de brindilles, voilà le grand feu de Noël allumé,
Pour un feu, c’en était un beau !  Il montait haut, bien haut dans la hotte de la cheminée.

Batistou assis devant son grand feu rêvait et, apaisé par la douce chaleur, il ronflait fort le vieux cabot,
Le berger voyait passer, devant ses yeux ces veillées de Noël, où, sous les chenets, il poussait ses petits sabots,
Il attendait avec une si douce émotion que le vieux père Noël assis sur son traîneau de rennes,
Vienne déposer auprès de la cheminée le jouet attendu toute l’année comme étrennes.

Le feu toujours avivé montait haut, haut, si haut que l’on eût dit qu’il atteignait les poutres, millediou,
Tout à coup il entendit comme un long frémissement, un sifflet mélancolique,  chuou…chuou...chuou !
Le frôlement descendit et dans la flamme, un déluge de suie, de pierres comme si la vieille maison se démolissait,
Le feu en fut presque éteint et un gros hibou, à demi-mort, roula au milieu de la pièce, les ailes brûlées.

Batistou effrayé avait fait un saut en arrière pour saisir son bâton de pâtre en ormeau,
Mais Balentou le chien s’était dressé et d’un coup de dent avait brisé les ailes du gros oiseau,
Le beau feu de Noël avait souffert de cette tourmente et lorsque l’émotion passée,
Que vit Batistou en s’approchant pour remettre en ordre les tisons un peu éparpillés ?

Au milieu des cendres et de la suie, une jolie cassette de métal que la chute avait entr’ouverte,
Remplie d’écus, de pistoles et de louis d’or, le berger eut un choc au cœur par cette découverte,
Ah ça ! est-ce que le vieux Père Noël, aurait pensé ce soir à sa tristesse et à sa pauvreté,
Lui qui, dans les tendres années de son enfance, ne l’avait jamais oublié !

A leur retour Mariette et les enfants trouvèrent Batistou qui dansait joyeux, autour de la table,
Face à une pile étincelante, un papier fripé caché dans le trésor, avait appris au berger de l’étable,
Que cette fortune avait été amassée depuis cent ans par les Escanat père et grand-père,
Volant à ses aïeux, les brebis, les veaux, les setiers de blé,  les cannes de  bois et les sacs de pommes de terre.

Ce coffre, le vieil avare de Escanat l’avait caché dans la cheminée, dans un trou du mur près du toit,
Le mauvais temps, la vétusté des pierres, les nichées de hiboux, avaient démoli la cachette, le laissant pantois,
Et miracle en cette nuit de Noël, la frayeur d’un gros hibou brûlé par la flambée,
Avait fait choir dans le sabot du berger la fortune à ses ancêtres, volée.

Depuis, tout s’est bien arrangé, Batistou au grand cœur a racheté la ferme a son méchant maître,
Après l’avoir rénové, tous les ans pour la nuit de Noël il se rend en famille à l’église du prêtre,
Pour remercier la Providence ainsi que le père Noël et au retour devant le feu de cheminée,
Avec Mariette et les enfants ils entonnent le traditionnel « Petit Papa Noël » en toute félicité.



Adapté en quatrains rimés par Guy l’Arié…..Joie sur une histoire diffusée par Jean-Jacques Billeau
Dans  «  Il était une "Foix" en Ariège »   : Sur les ruines de l'ermitage de Saint-Sauveur.
                                                              
                                

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